Mots en liberté - Safranière éditions

Mots en liberté - Safranière éditions

LES LECTURES DU MOIS EN COURS

 

MERCI DE NOUS LIRE...

Abstrait

 

L'imaginaire sur peinture abstraite

 

Je me souviens de Meschers où, avec la mer dessous, je regardais les falaises de St Georges de Didonne attaquées par des vagues.

 

La mer, les rochers, les falaises sont dans mon souvenir, il n’y avait pas de plage.

 

On m’a raconté que pendant la guerre des bateaux laissaient partir des canots avec des résistants dedans qui débarquaient à St Georges de Didonne pour chasser les allemands de Royan. Ils ont sauvé la région.

 

 

Tableau bleu (1)

 

C’est un tableau d’art moderne abstrait et le peintre a utilisé des couleurs qui sont les miennes. Une farandole de bleus, mélange de klein, d’acier, de saphir, de marmara, de Bretagne, de Grèce, de Turquie, du monde entier. Le bleu proéminant qui laisse un peu de place au blanc, au noir, au gris et au jaune.  La signature est très présente. Le nom : Ame Sauvage, qui correspond tout à fait à l’impression de nature sauvage que j’ai en regardant son tableau. La caligraphie du nom avec les lettres S et le V en symétrie, qui sont comme un envol et le G qui s’étale tout en rondeur et qui répond au A qui pointe vers le ciel.   Ce nom correspond tout à fait à mon impression, une nature sauvage et polaire qui parle à votre âme. Ce paysage est pour moi fait de glace et d’eau avec la lumière qui se faufile difficilement. Mais bien qu’il me fasse référence à la glace, au froid, qui est le contraire de ce que j’aime, il me renvoie de la chaleur. Ce que j’aime dans les tableaux abstraits c’est qu’ils sont le miroir de nos émotions, et permettent, contrairement aux tableaux figuratifs, de laisser cours à son imagination. Rien ne vient arrêter le regard et quelque soit l’angle, le moment où on le regarde, il peut vous renvoyer des choses différentes. L’abstrait c’est l’ouverture vers le pays imaginaire où rien n’est réel, c’est un voyage au centre de soi, c’est un boomerang d’émotion…

Le peintre a utilisé toutes les dimensions : longueur, largeur, hauteur, profondeur. Les couleurs se côtoient, se mélangent, se croisent, se décroisent, s’exposent. C’est un foisonnement de coup de pinceaux verticaux et horizontaux,  comme autant de sentiments jetés sur la toile. Ce sont tous ces mouvements de pinceaux qui rendent le tableau vivant et donne l’impression que tout bouge comme la glace bouge sur la mer arctique, comme l’eau, comme le ciel toujours en mouvement.

Je lis le tableau d’une façon qui m’est propre et cette lecture personne d’autre ne pourra la faire. Au fond du tableau j’aperçois la mer, le ciel, la lumière jaune qui se lève sur l’artique. Si mon regard fait le voyage en bateau vers le premier plan, il pénètre sous un porche de roches volcaniques recouvertes de glace qui sont l’entrée d’un refuge secret, refuge de solitude qui pourrait être celui de kal-el. Sur la droite, une grotte en contrebas de la forteresse de glace, au plafond couvert de stalactites, une sculpture de glace où Kal-el se pose pour méditer dans la sérénité. Un cocon protecteur pour oublier les remous du monde. Des filets d’eau se sont figés dans des cascades glacées représentés par la couleur blanche. Les murs qui entourent le refuge laissent deviner la roche qui est dessous, et qui surgit toute de noire vêtue au milieu du bleu. L’eau est partout et il faut pénétrer loin dans la grotte pour pouvoir y être au sec.

L’arctique c’est une page blanche où tout peut s’écrire, une terre de secrets, une terre vierge. Et sous toute cette blancheur,  une multitude d’être vivants, oiseaux, mammifères, insectes, papillons, poissons, peuples autochtones. Loin de tout, et pourtant proche d’un tout. Refuge de Kal-el,  enfermé volontaire dans sa forteresse de glace où tel un Dieu antique il attend l’instant où il devra abandonner son antre d’éternité. Ce tableau c’est la promesse de vivre l’instant présent.

 

 

 

Tableau bleu (2) :

 

J’ai froid, je claque des dents. Que fais-je allongée sur cette barque dans le noir ? Je touche mon visage couvert de glace. Où suis-je ? Je sens l’embarcation tanguer doucement. Je m’assois avec difficulté. Un vent glacial me fouette, m’enveloppe. Ma vue s’habitue à l’obscurité, je devine l’immensité de l’océan qui m’entoure et la peur m’envahit. Comment pourrais-je savoir à combien de kilomètres des côtes je me trouve ? Quelle heure peut-il être ? Aucunes lumières à l’horizon ! Je dois être loin de la terre ferme et personne ne viendra à mon secours. Je tâtonne à la recherche de quelque chose. Y-a-t-il des fusées de détresse ? Un gilet de sauvetage que je puisse enfiler sur ma parka ? Une autre personne ? Je ne sens rien, absolument rien. Même pas une bouteille ou un outil quelconque. L’affolement me gagne, je respire mal. Déjà que l’air froid me brûle la gorge, je devine que je ne tiendrai pas longtemps dans ces conditions.  Je dois me calmer. Je ne connais absolument pas la navigation mais je suppose que m’affoler ne m’aidera pas. A part rester tranquille et attendre, je ne sais pas quoi faire. Le vent pousse la barque inexorablement mais vers où ? Encore plus au large ? Comment, moi, qui ne fait pas de voile, qui mène une vie tranquille et monotone, puis-je me retrouver dans ce qui est clairement une situation cauchemardesque ! Je ne me souviens de rien ! Je palpe mon habillement : je porte des bottes, un pantalon chaud, plusieurs pulls sous une parka, une écharpe, des gants et un bonnet. Bon sang ! Pourquoi moi ? Pourquoi suis-je seule ici ? Je ne vois qu’une explication : on m’a droguée et déposée dans cette barque. J’ai dû dormir longtemps avant de me réveiller dans ce bateau.  Est-ce une blague de mauvais goût ? Une agression perpétrée par un dingue ?

Désormais l’embarcation bouge dangereusement, le vent s’intensifie. Des bruits bizarres me parviennent. Qu’est-ce qui provoquent ces sifflements ? Des vagues se creusent, je sens la barque se secouer de plus en plus. Une tempête peut-être ? Soudain un mugissement retentit et une forme immense émerge de l’étendue d’eau. Elle se dresse devant moi. Il a beau faire sombre, je la devine. On dirait un géant ou un monstre mais je ne distingue pas bien les détails. La terreur qui m’étreint est prête à faire exploser mon cœur. Je sens comme une main gigantesque attraper mon cou puis arracher mon foulard. Elle agrippe et déchire au passage mon collier. Une étoile en or avec un diamant. C’est mon talisman porte-bonheur et je pousse un râle. C’est clair, je vais mourir d’un instant à l’autre ! Il m’empoigne, me soulève, me soupèse et me repose violement. Il grogne, attrape la barque et la tire. Je ne sais comment c’est possible mais cette chose monstrueuse est capable de nager tout en tenant l’embarcation et se dirige vers un objectif précis.

Le ciel noir s’éclaircit légèrement et je distingue des formes dans l’eau. Je me concentre et petit à petit, je réalise que ce sont des icebergs. Le monstre se dirige entre ces obstacles sans difficultés, j’en déduis qu’il est nyctalope. J’ai toujours très froid, tout mon corps tremble. Je remonte la fermeture éclair de ma parka du mieux que je puisse afin de protéger mon cou dévêtu. Mon esprit fonctionne à cent à l’heure et je dresse mentalement la liste de tous les sévices que cette créature me réserve. Nous accostons sur une île de glace et j’aperçois la silhouette d’arbres nus. C’est lugubre. Comment peut-il y avoir des arbres sur une île gelée au milieu de nulle part ? Il me tire par le bras pour descendre de la barque. Je le dévisage dans la mesure du possible et je me dis que finalement c’est plutôt un géant. Je tiens à peine sur mes jambes. Du coup, il me porte fermement contre sa poitrine et je sens des poils mouillés contre mes joues. Il avance d’un pas assuré sur un chemin entre les arbres ; je me sens minuscule. Après les arbres, je devine comme de grands rectangles de glace, à l’intérieur desquels des personnes mortes debout sont enfermées, disséminés de chaque côté de notre chemin.  Enfin, nous stoppons devant une sorte d’autel. Il m’empoigne, m’allonge dessus et entame ce qui ressemble à un chant. D’autres créatures semblables à celle qui m’a conduite jusqu’ici émergent de la nuit. Elles se positionnent en cercle autour de l’autel et se joignent à ce chant. Ma tête tourne, je suis aspirée dans un vortex et j’explose en minuscules morceaux.

D’un coup, je me redresse et me réveille, en sueur, trempée, haletante, les mains posées sur mon cœur. Je tâte autour de moi et je sens mes draps au bout de mes doigts. Il me faut plusieurs secondes pour comprendre que je suis dans mon lit et que je viens de faire un horrible cauchemar. J’allume la lampe de chevet et je vois le livre posé sur ma table de nuit : un policier ! Mais quelle idée de lire ce type d’histoire avant de m’endormir !

 

 

UN MOMENT MAGIQUE

 

 

       Je venais de pénétrer dans la dernière salle du musée, lorsque de loin, une œuvre d’une rare beauté me provoqua une émotion telle que je m’en approchai séance tenante. Avec ses multiples dégradés qui s’étendaient du bleu ciel au bleu nuit, le mélimélo de couleurs froides amplifia ma curiosité. Cette peinture abstraite où certaines formes aux contours évolutifs pouvaient s’enchevêtrer et se délier à souhait, laissa de prime abord mon imaginaire sinon au bord d’un gouffre, dans un questionnement déconcertant. Quelques secondes plus tard, la vision de larges coups de pinceaux verticaux donnés d’un seul trait m’apporta un appréciable sentiment de dynamisme. Dans un élan incontrôlé, je m’appropriai la force créative offerte par l’artiste ; résultat, des aurores boréales, océans, mers de glace, cascades, un monde d’eau qui transmettait des ondes rafraîchissantes. Alors qu’un sentiment d’allégresse devenait perceptible, le centre de la toile captiva mon attention. Devant cette représentation de paysage arctique, voir antarctique, je subodorai avec plaisir l’effet vivifiant des froids polaires sur mon organisme quand subrepticement  une silhouette debout, de dos, devant l’océan tourmenté, s’imposa en douceur. Cette forme qui à mes yeux aurait pu représenter un explorateur isolé dans un environnement sauvage raviva le sentiment d’accomplissement profond qui m’avait touchée lors de l’exploration solitaire d’une petite île volcanique islandaise. Mon émotion fut à son comble lorsque le goût exaltant de cette ancienne hardiesse rattrapa l’observatrice pour son plus grand bonheur.

        Le sentiment de pouvoir revivre cette expérience me déclencha une joie spéciale, éteinte depuis que la vie sédentaire avait remplacé une vie d’activités. Qu’à cela ne tienne ! Une touche de vert amande ajoutée à la dominante bleu, dont le turquoise a toujours eu ma préférence, m’engendra un sentiment d’exaltation et même d’espoir. La première opportunité sera la bonne pour remettre mon ancienne casquette de voyageuse, me suis-je promis.

       Quel ne fut pas mon étonnement de voir la silhouette de l’explorateur se transformer en celle d’un peintre transportant sous le bras un chevalet de campagne. Immédiatement un questionnement m’accabla : pourquoi n’avais-je jamais osé aller peindre dans un parc public ? Avais-je eu peur du regard des autres, de leur jugement, de ne pas être à la hauteur, mais de quoi?

       La vision d’un navire de guerre gris sombre qui fonçait tout droit vers un cimetière à bateau situé à gauche de la toile me servit d’échappatoire. Mais ce fut pour sombrer dans la tristesse devant l’arrivée de son inexorable fin de vie. Par bonheur, une énorme tête de chien dotée de petits yeux qui regardaient fixement le personnage central, apparut. Sa gueule grande ouverte signifiait-elle qu’il allait le dévorer ? Fait amusant, l’une de ses oreilles venait de muer en tête de cheval, sa bouche, en destroyer ; et entre ses oreilles apparut un casque colonial blanc comme neige. Je ris intérieurement de tous ces délires imaginatifs qui ne regardaient que moi, avant de retrouver une dose de gaieté. Ce moment magique vécu dans un élan dynamique tant attendu raviva un sentiment de jeunesse lié à une nouvelle existence. Il redonna du goût à ma vie. 

 

 

La cathédrale de glace, voyage intérieur des sens

 

« Où suis-je ? ». J’ouvre les yeux et découvre une demi-pénombre bleutée. « Où suis-je, que m’arrive-t-il ? ». Mon dernier souvenir était un train à grande vitesse qui me menait à Bruxelles. Or, je n’ai pas froid, je n’ai pas chaud, j’ai uniquement l’impression d’être dans une bulle où l’ensemble de mes sens sont agréablement en éveil. Mes yeux s’adaptent peu à peu et j’ai alors le souffle coupé par la beauté de la cathédrale d’eau ou plutôt de glace en mouvement qui apparaît ! « Que c’est beau ! ». Je suis au centre d’un véritable spectacle, une féerie de lumières : bleues, vertes, blanches dans une déclinaison de leurs gammes somptueuses. Ce qui me semble être une banquise est brillant et magnifique ! Des éclats d’émeraudes, de saphirs et de diamants sont accompagnés d’une musique douce et apaisante. Je n’arrive pas à l’identifier, mais elle est agréable et me plaît. Dans un mouvement continu en quatre dimensions comme dans certains films, je vois apparaître un avion qui décolle, vous savez ces avions des années cinquante, j’aperçois ses hélices. Et là je tourne la tête et je découvre un cachalot qui surgit ! Je ne comprends pas pourquoi je les vois, mais ils ont émergé avec force. « Suis-je dans le ciel, sur terre, en mer ou alors tout à la fois ? ». Je ne sais plus, mais je me sens minuscule face à ce concentré de nature, de technologie et de beauté. Je suis en admiration le souffle court. Je prends une inspiration, je me pince pour vérifier que c’est bien réel. Et ce n’est pas un rêve ! Je suis toujours au centre de ce splendide spectacle, je me rends compte qu’un parfum charme mon nez à la fois chaleureux et puissant, proche de l’odeur du café qui passe et du pain qui cuit. Je suis au centre du mouvement continu, comme la ronde de la vie, en mouvements circulaires, horizontaux et verticaux à la fois. Ce n’est vraiment pas logique, mais, dans ce lieu, est-il possible d’être rationnel ? Et en ai-je réellement envie ? Car je profite et goûte avec délectation la beauté de ce moment si insolite que j’en suis bouche bée. Tout à coup, je crois apercevoir Excalibur apparaître au centre de cette scène mouvante, cette épée enchantée que seul le véritable roi pourra extraire de son rocher. Mes références et mon intérêt pour la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde seraient-elles en train d’influencer ce que j’admire ? Pour pouvoir peut-être poser des mots à cette incompréhensible et superbe vision ? Je ne répondrai pas à ces nouvelles questions, car on me secoue l’épaule. Je sursaute, un homme avec une casquette me demande mon billet. Les yeux encore pleins d’émerveillements, je le lui tends. Je réalise avec regret que ce n’était qu’un rêve et que le coup du pincement ne marche pas ! Sur la tablette devant moi, je remarque alors le magazine que je lisais avant ce temps magique et je comprends tout. Un article sur l’exposition d’Âme sauvage et la photo d’une de ses peintures « La fonte du glacier » a ouvert ce passage émotionnel et interdimensionnel. Non, ce n’était pas un rêve ! C’était une œuvre d’art, véritable voyage aux confins de l’imaginaire. Et vous quel était votre dernier voyage ?

 

 

 

UN NOUVEAU MONDE

 

Ce fut à l’aube, aux premiers frémissements de la terre et inspirés par une intuition soudaine que nous avions fui à temps nos maisons. Ce matin-là. Nous avions embarqué précipitamment sur notre grand voilier, à quai dans le port. Aussitôt avec une violence extrême, une vague dantesque nous projeta en pleine mer. Nous échappâmes ainsi au séisme qui au loin, détruisait  et broyait la ville.

Malgré nos tentatives de contacts extérieurs, le grésillement de la radio ne nous rassura pas. , la planète restait muette.  la pensée d’un apocalypse me traversa l’esprit, serions-nous des survivants ?

 Anéantis, la réponse nous sembla implacable. Depuis deux jours  nous naviguions difficilement entre des détritus hétéroclites divers, lorsque la mer devint lourde presque immobile. Devant nous, un épais brouillard, barrière infranchissable nous barra la route Nous n’avions pas le choix : perdus pour perdus, nous devions aller au-delà, résignés et fatalistes.

 Notre voilier éventra l’obstacle pour se glisser prudemment, prêts à vivre le pire. !

Passés de l’autre côté de cette brume épaisse, les voiles déchirées  mais sains et saufs, nous restâmes abasourdis devant un monde pétrifié par la glace. Sans savoir comment ni pourquoi nous avions été transportés jusqu’ à cet univers glaciaire et figé donnant l’impression d’un récent chaos. Des pans de glace s’effondraient sur la mer gelée dans un fracas assourdissant troublant le silence angoissant qui régnait. De hautes montagnes écrasaient une grande baie encerclée d’icebergs et de banquises  Une lueur bleutée illuminait  le paysage lui donnant une touche apaisante.  Un petit avion de tourisme, dernier vestige d’un autre monde avait dû  s’écraser sur le flanc d’un glacier. Seules au loin, des trouées de lumière  solaire apportaient un semblant de vie dans cette vision surréaliste. Au centre de cette baie se dressait  l’immense statue d’une femme un voile sur la tête, tel un symbole biblique. A peine éclairée par de timides rayons de soleil, elle tenait contre elle, un être qui semblait ressembler à un grand oiseau aux ailes repliées : union de la femme et de l’animal, preuve qu’une vie avait été possible autrefois. Dans ce nouveau monde subsistait un espoir  celui dans lequel nous allions nous adapter pour construire une nouvelle vie meilleure.

 

 

 

IMPRESSIONS GLACIAIRES

 

Une première impression de froid glacial règne dans ce décor figé

Au centre du tableau se tient debout une femme de haute stature aux cheveux longs et aux lèvres maquillées d’un rouge agressif. A ses pieds, un petit chien, tête levée, regarde sa maîtresse. Derrière elle, deux grandes clartés de forme oblongue presque humaine telles des fantômes, semblent la protéger ; sans doute ses deux parents disparus.

Sur les hauteurs du glacier un énorme rapace déploie ses ailes, tout est figé et lugubre dans cette scène de mort.  

 

 

Souvenir

 

Je vois un monde glaciaire dans une époque reculer où vivent des trolls. 

Ce monde des merveilles, je l’ai vécu dans un livre de mise en abîme de page en page. 

 

Ricochet ou la fin d’un rêve

 

Nous sommes partis de France pour nous poser en Islande un mardi du mois de novembre. Nous étions quatre comme les trois mousquetaires. Il était évident que cette aventure à cette période de l’année n’était pas la meilleure idée, mais nos calendriers respectifs nous avaient imposé cette date. Nous sommes, comme convenu, restés à Akureyri au nord du pays. L’attente pour embarquer dans notre avion privé fut plus longue que prévu. Nous passâmes deux nuits à l’hôtel et au troisième jour, nous décollâmes enfin avec une météorologie particulièrement belle. Le ciel avait la couleur bleu roi et la neige au sol renforçait le tranchant du froid alors, dans la cabine, je tenais contre moi Julie qui avait peur en plus d’avoir froid. D’Artagnan était une femme, une des plus séduisantes.

Nous volâmes à la limite du carburant pour nous poser sur un bout de banquise où nous glissâmes plus que nous roulâmes. Lorsque l’avion s’immobilisa, il y avait un important tas de neige sur le côté de l’avion. Sous ce tas blanc, le carburant attendait. Avec la pompe à main, le pilote mit presque une heure pour faire le plein des deux réservoirs d’ailes. Au décollage, la neige formait un mur blanc qui virait au bleu régulièrement et soudain nous perçâmes la couche nuageuse et nous volâmes entre le blanc et le bleu azur. Les minutes passèrent, le vent turbulent nous chahutait pour nous faire effectuer une dance frénétique qui m’obligeait à rassurer Julie en la laissant se blottir contre moi et me provoquer des frissons terribles.

Notre pilote était d’un calme absolu. Il laissait apparemment l’avion évoluer à son gré, mais un bruit sec et violent fut suivi d’un sifflement strident qui nous fit sursauter. Dressé comme un naja, le pilote agrippa le manche à balai. Le vent s’engouffra pour nous couper le souffle. Pour que cessent les chocs de la porte ouverte sur le fuselage, le pilote souleva un levier. La porte prit sa liberté sans provoquer plus de dommages. Dans la cabine, l’air devint vite irrespirable, car à chaque respiration, il coupait la trachée et brûlait les lèvres.

Alors que notre chevalier du ciel semblait toujours maître de la situation, il baissa le régime moteur et se laissa planer en gardant les yeux sur la planche de bord où l’horizon artificiel focalisait son attention. Plus bas, le vent était moins fort et la couleur verte se mélangeait au bleu du ciel et au gris presque noir de l’eau glaciale. Le premier choc des roues fut suivi du silence recouvert de neige, le deuxième impact éparpilla la carlingue.

Dans cet enfer où le bleu pur domine, balafré par un blanc vierge avec quelques reflets verts boréaux venus de l’espace, nous luttâmes contre le gel, nous priâmes le ciel, nous ne vîmes pas d’anges, mais j’étais seul à voir la croix noire plantée au cœur de mon désespoir. Nous étions si loin des flammes de l’enfer que nous atteignîmes vite l’extinction des visions de lumières froides.

 

 

MERCI DE NOUS AVOIR LUS...

 

 



10/08/2023

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